jeudi 6 janvier 2011

Quand une féministe résume l'année 2010...


Aujourd'hui dans un article du quotidien national de centre-gauche "Le Monde", Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, a écrit une tribune sur la "mauvaise année 2010 pour les femmes".

Je suis largement un partisan de l'égalité homme-femme, mais pas de l'égalitarisme homme-femme. Et madame Sugier fait dans l'égalitarisme plus que dans l'égalité. L'égalité, c'est le droit au même respect, à la même condition de vie, au même salaire à compétence égale, etc. L'égalitarisme, c'est revendiquer que les femmes et les hommes puissent faire exactement les mêmes métiers.

Dans cette tribune, Annie Sugier demande donc l'ordination des femmes prêtres. En ignorant complétement la nature divine de cette vocation pour la rabaisser à un simple niveau humain en pensant que c'est un simple problème d'émasculation. Elle ignore surement que la femme assure une maternité humaine, et que l'homme, dans la prêtrise, assure une paternité divine. Donc les deux ne sont pas échangeable (l'homme ne pouvant mettre au monde). La théorie du gender que défend Annie Sugier est tout simplement absurde car elle ignore les spécificités naturelles de chaque sexe. Nous ne sommes pas fait pour faire la même chose, mais pour nous compléter. La femme doit être l'égal de l'homme dans le respect qui lui est dû, tout comme l'homme doit être respecté par la femme.

Il est par ailleurs étonnant qu'elle ne s'offusque pas de la mode actuelle (mini jupe - qui sont plus des ceintures que des jupes -, monokini sur les plages, etc.) qui transforme la femme en objet lui enlevant toute qualité humaine. Dés lors, il ne faut pas s'étonner que le respect dû à la femme s'effrite.


Je souhaite une bonne et sainte année à Annie Sugier en espérant que celle-ci lui permettra de revenir à une conception humaine et naturelle de la relation homme-femme.

samedi 12 décembre 2009

Du célibat des prêtres


Saint Thomas d'Aquin répond aux critiques protestantes sur le célibat des prêtres. Je vous invite à lire cet article avec attention, il montre combien le célibat des religieux est spirituellement très important.



Article 4 — La continence est-elle requise à l’état religieux ?



Objections :


1. Il semble que la continence perpétuelle ne soit pas requise pour la perfection de l’état religieux. En effet, toute la perfection de la vie chrétienne a commencé à partir des Apôtres du Christ. Or nous ne voyons pas que les Apôtres aient pratiqué la continence : Pierre, par exemple était marié puisqu’on nous parle (Mt 8, 14) de sa belle-mère. Il semble donc que la continence perpétuelle n’est pas exigée pour la perfection de la vie religieuse.


2. Le premier modèle de perfection qui nous ait été montré, c’est Abraham à qui le Seigneur a dit (Gn 17, 1) : " Marche en ma présence et sois parfait. " Or la copie n’a pas à surpasser le modèle. La continence perpétuelle n’est donc pas requise pour la perfection de l’état religieux.


3. Ce qui est exigé pour la perfection de la vie religieuse doit se trouver en tout religieux. Or il y a des religieux qui vivent dans le mariage. La perfection de l’état religieux n’exige donc pas la continence perpétuelle.



En sens contraire, S. Paul a dit (2 Co 7, 1) " Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, et rendons parfaite notre sanctification dans la crainte de Dieu. " Or la pureté de la chair et de l’esprit se conserve par la continence. Il est écrit, en effet, (1 Co 7, 34) : " La femme non mariée, comme la vierge, se préoccupe de ce qui regarde le Seigneur pour être sainte d’esprit et de corps. " Donc la perfection de l’état religieux exige la continence.



Réponse :


L’état religieux demande l’éloignement de tout ce qui empêche la volonté humaine de se porter tout entière au service de Dieu. Or la pratique de l’union charnelle empêche l’âme de se consacrer totalement au service de Dieu. Et cela de deux façons. D’abord à cause de la violence des délectations, dont l’expérience fréquente accroît la convoitise, observe Aristote. Par suite, la pratique de la vie sexuelle retire l’âme de cette parfaite intention de tendre à Dieu. C’est ce que dit S. Augustin : " je ne connais rien qui précipite de sa citadelle une âme virile comme les séductions de la femme et ce contact des corps sans lequel on ne peut posséder son épouse. "

Ensuite, à cause des soucis qu’apporte à l’homme le gouvernement de la femme, des enfants, et des biens temporels que demande leur entretien. Comme dit S. Paul (1 Co 7, 32) : " Celui qui n’a pas de femme se préoccupe des choses du Seigneur et de plaire à Dieu ; celui qui est marié se préoccupe des choses du monde et de plaire à sa femme. "

C’est pourquoi, au même titre que la pauvreté volontaire, la continence perpétuelle est requise pour la perfection de l’état religieux. Et de même que l’Église a condamné Vigilantius qui égalait la richesse à la pauvreté, elle a condamné Jovinien qui égalait le mariage à la virginité.



Solutions :


1. C’est le Christ qui a introduit la perfection, non seulement de la pauvreté, mais aussi de la continence, lorsqu’il a dit (Mt 19, 12) : " Il y a des eunuques qui se sont volontairement rendus tels pour le Royaume des cieux. " Et il ajoute. " Celui qui est capable de comprendre qu’il comprenne ! " Cependant, pour que l’espoir de parvenir à la perfection ne fût enlevé à personne, il a appelé à l’état de perfection même ceux qu’il trouvait engagés dans les liens du mariage. Or il était impossible que, sans leur faire tort, des maris abandonnent leur femme alors que des hommes pouvaient abandonner leurs richesses sans faire de tort. C’est pourquoi, il ne sépara pas de sa femme Pierre qu’il avait trouvé marié. " Cependant il détourna du mariage Jean qui s’y disposait. "


2. S. Augustin écrit : " La chasteté du célibat vaut mieux que la chasteté des noces. Abraham n’a pratiqué en fait que la seconde, mais toutes les deux par habitus. Il vivait chastement dans le mariage, et il était disposé à observer la chasteté du célibat. Mais le temps où il vivait ne la comportait pas. " C’était, chez les anciens Pères, la preuve d’une très grande vertu que de posséder la perfection de l’âme dans la richesse et dans le mariage. Les faibles ne doivent donc pas s’en prévaloir pour présumer de leur vertu au point de se croire capables de parvenir à la perfection parmi les richesses et dans le mariage ; comme si un homme sans armes avait la présomption d’attaquer des ennemis sous prétexte que Samson en tua un grand nombre sans autres armes qu’une mâchoire d’âne. D’ailleurs si le temps avait été venu de garder la continence et la pauvreté, ces Pères l’auraient fait avec un grand zèle.


3. Les régimes de vie où l’on use du mariage ne constituent pas, simplement et absolument parlant, des formes de vie religieuse. Ils ne le sont que d’une manière relative et pour autant qu’ils possèdent quelques-uns des éléments de l’état religieux.

vendredi 25 septembre 2009

Les Fondements de l'Eglise


L'Eglise est à la fois visible et spirituelle, sans que l'on puisse jamais séparer ce qui est visible de ce qui est spirituel, ni ce qui est spirituel de ce qui est visible. En vertu d'une analogie qui n'est pas sans valeur, on peut la comparer au mystère du Verbe incarné. Tout comme en effet la nature prise par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le tout social que constitue l'Eglise est au service de l'Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps (Eph. IV, 16).

Le Seigneur a désigné ses apôtres pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph. II, 19-20). Dans Apo. XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". Que l'on enlève les pierres fondamentales ou la pierre angulaire, et tout l'édifice de l'Eglise s'effondre ; de sorte qu'il n'est pas possible de séparer l'Eglise apostolique, constitué des pasteurs désignés pour paître le troupeau, de Jésus-Christ, le Bon Pasteur, le Pasteur suprême.

Or les apôtres, par l'imposition des mains, ont transmis à leurs successeurs leur charge, pour que l'Eglise apostolique du Seigneur se perpétue jusqu'à la fin des temps. Ce principe de la succession apostolique est clairement affirmé par S. Paul : " C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains (2 Tim. I, 6) ou : "N'impose (trop) vite les mains à personne, et ne te rends pas complice des fautes d'autrui ; toi-même, garde-toi pur" (1 Tim. V, 22). C'est à ces seuls pasteurs légitimes qu'a été confié le soin de garder le dépôt de la foi (2 Tim. I, 14) et de paître le troupeau (Actes XX, 28).

Il existe une continuité historique - fondée sur la succession apostolique - entre l'Eglise instituée par le Christ et l'Eglise catholique : c'est là l'unique Eglise du Christ que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (Jn XXI, 17), qu'il confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (Mt XXVIII, 18 s.), et dont il a fait pour toujours la "colonne et le fondement de la vérité" (1 Tim. III, 15).

Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières (comme les églises orthodoxes). Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.

En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique, ne sont pas des Églises au sens propre (ainsi la plupart des églises protestantes, dont les évangéliques) ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église. Le baptême en effet tend en soi à l'acquisition de la plénitude de la vie du Christ, par la totale profession de foi, l'Eucharistie et la pleine communion dans l'Église. Pour mieux exprimer cette position de l’Eglise et pour ne pas laisser de place à l’incompréhension :

Les liens de l'Eglise avec les chrétiens non catholiques

15. Avec ceux qui, baptisés, s'honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas l'unité de la communion avec le successeur de Pierre, l'Eglise se sait unie par de multiples rapports (14). Beaucoup, en effet, vénèrent la sainte Ecriture comme norme de foi et de vie; ils manifestent aussi un authentique zèle religieux, croient avec amour en Dieu le Père tout-puissant et dans le Christ, Fils de Dieu Sauveur (15), sont marqués par le baptême, qui les unit au Christ et, en outre, reconnaissent et acceptent d'autres sacrements dans leurs propres Eglises ou communautés. Plusieurs parmi eux ont aussi l'épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et cultivent la dévotion envers la Vierge Mère de Dieu (16). A cela s'ajoute la communion par la prière et d'autres bienfaits spirituels; et même une union réelle dans l'Esprit-Saint, car l'Esprit agit également en eux par ses dons et ses grâces, avec sa puissance sanctificatrice; et il a donné à certains d'entre eux une vertu qui les a fortifiés jusqu'à l'effusion de leur sang. Ainsi l'Esprit éveille-t-il en tous les disciples du Christ le désir et oriente-t-il leur activité afin que tous s'unissent pacifiquement, de la manière que le Christ a fixée, en un seul troupeau et sous un seul Pasteur (17). Et pour obtenir cette unité la Mère Eglise ne cesse de prier, d'espérer et d'agir. Elle exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler, afin que l'image du Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de l'Eglise. (Concile Vatican II, Lumen Gentium, 15)

La succession apostolique

Que l’Eglise fondée par Jésus-Christ soit édifiée et sur la succession apostolique, et sur l’Eucharistie, c’est là une vérité révélée par la Sainte Ecriture et par toute la Tradition sacrée de l’Eglise.

Le Seigneur a désigné ses apôtres pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph II, 19-20). Dans Ap XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". Que l'on enlève les pierres fondamentales ou la pierre angulaire, et tout l'édifice de l'Eglise s'effondre ; de sorte qu'il n'est pas possible de séparer l'Eglise apostolique, constitué des pasteurs désignés pour paître le troupeau, de Jésus-Christ, le Bon Pasteur, le Pasteur suprême.

Or les apôtres, par l'imposition des mains, ont transmis à leurs successeurs leur charge, pour que l'Eglise apostolique du Seigneur se perpétue jusqu'à la fin des temps. Ce principe de la succession apostolique est clairement affirmé par S. Paul : " C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains" (2 Tm I, 6) ou : "N'impose (trop) vite les mains à personne, et ne te rends pas complice des fautes d'autrui ; toi-même, garde-toi pur" (1 Tm. V, 22). C'est à ces seuls pasteurs légitimes qu'a été confié le soin de garder le dépôt de la foi (2 Tm. I, 14) et de paître le troupeau (Ac XX, 28).
Attesté par l’Ecriture, le principe de la succession apostolique des évêques l’est encore par la Tradition de l’Eglise, ainsi que l’attestent ces quelques auteurs :

S. Clément de Rome, Épître aux corinthiens, XLII, 4-5 ; XLIV, 1-4
[XLII] 4. A travers les campagnes et les villes, ils proclamaient la parole, et c'est ainsi qu'ils prirent leurs prémices ; et après avoir éprouvé quel était leur esprit, ils les établirent évêques et diacres des futurs croyants. 5. Et ce n'était pas là chose nouvelle : depuis de longs siècles déjà l'Écriture parlait des évêques et des diacres ; elle dit en effet: " J'établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi" (Is. 60, 17) (...) [XLIV] 1. Nos Apôtres aussi ont su qu'il y aurait des contestations au sujet de la dignité de l'épiscopat ; 2. C’est pourquoi, sachant très bien ce qui allait advenir, ils instituèrent les ministres que nous avons dits et posèrent ensuite la règle qu'à leur mort d'autres hommes éprouvés succéderait à leurs fonctions. 3. Ceux qui ont ainsi reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d'autres personnages éminents, avec l'assentiment de toute l'Église, s’ils ont servi le troupeau du Christ d'une façon irréprochable, en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie, si tous ont rendu un bon témoignage depuis longtemps, nous pensons que ce serait contraire à la justice de les rejeter de leur ministère. 4. Et ce ne serait pas une petite faute de déposer de l'épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable.

Hégésippe (113-175), rapporté par Eusèbe IV, 22, 2
Et l'Église des Corinthiens demeura dans l'orthodoxie jusqu'à ce que Primus devînt évêque à Corinthe. Lorsque je naviguais vers Rome, j'ai vécu avec les Corinthiens et j'ai passé avec eux un certain nombre de jours pendant lesquels nous nous sommes réconfortés de leur orthodoxie. Étant arrivé à Rome, j'y établis une succession jusqu'à Anicet, dont Eleuthère était diacre. Soter a succédé à Anicet et, après lui, il y a eu Eleuthère. Dans chaque succession et dans chaque ville, il en est comme le prêchent la Loi, les prophètes et le Seigneur.

S. Irénée, Contre les hérésies, Livre III
Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d'énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l'une d'entre elles, l'Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes (...) Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l'Église à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu'à nous. Et c'est là une preuve très complète qu'elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l'Église, depuis les apôtres jusqu'à maintenant, s'est conservée et transmise dans la vérité.

Tertullien, Traité de la prescription contre les hérétiques
Apostolicité des origines et successions apostoliques. XXXII. [1] D'ailleurs, si quelques-unes [des communautés chrétiennes] osent se rattacher à l'âge apostolique pour paraître transmises par les apôtres, sous prétexte qu'elles existaient à l'époque des apôtres, nous sommes en droit de leur dire : « Montrez l'origine de vos Églises; déroulez la série de vos évêques se succédant depuis l'origine, de telle manière que le premier évêque ait eu comme garant et prédécesseur l'un des apôtres ou l'un des hommes apostoliques restés jusqu'au bout en communion avec les apôtres. » [2] Car c'est ainsi que les Églises apostoliques présentent leurs fastes. Par exemple, l'Église de Smyrne rapporte que Polycarpe fut installé par Jean; l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre. [3] De même encore, d'une façon générale, les autres Églises exhibent les noms de ceux qui, établit par les apôtres dans l'épiscopat, possèdent la bouture de la semence apostolique.

S. Cyprien, Lettre XXXIII
Notre Seigneur, dont nous devons révérer et garder les commandements, réglant ce qui concerne les égards dus à l'évêque, et le plan de son Église, parle dans l'évangile et dit à Pierre : "Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel". (Mt 16,18-19). De là découle, à travers la série des temps et des successions, l'élection des évêques et l'organisation de l'Église : l'Église repose sur les évêques et toute sa conduite obéit à la direction de ces mêmes chefs.

S. Augustin, Contre un adversaire de la loi et des prophètes, I, 39
Notre adversaire a tiré le passage qu'il a cité des livres apocryphes que l'on attribue à André et à Jean. Si ces livres étaient véritablement l'œuvre de ces apôtres, l'Église les aurait reçus, cette Église qui, par la succession visible de ses évêques, descend des Apôtres jusqu'à nous (...)

L’Eucharistie, Mystère de l’unité, n’est légitime que si elle est célébrée en communion avec l’évêque local, lui-même uni au successeur de Pierre, fondement et principe de l’unité de l’Eglise universelle : « Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé » (S. Ignace d’Antioche, Lettre aux Smyrniotes, VIII, 1).

« Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co X, 16-17) - Bien plus qu'analogie, il y a relation d'identité entre la participation au pain eucharistique et l'intégration au corps ecclésial unique. C'est pourquoi l'expression "Corps du Christ" désigne à la fois l'Eglise et l'Eucharistie, une correspondance ontologique s’établissant entre elles. Le rassemblement du peuple de Dieu invité à la "fraction du pain" (Ac 2, 42) fait que l'Eglise devient hic et nunc ce qu'elle est : le corps du Christ vivant. S. Jean Chrysostome exprime parfaitement cette fonction unificatrice de la communion eucharistique : « Qu'est donc ce pain ? C'est le corps du Christ. Que deviennent ceux qui le reçoivent ? Le corps du Christ : non pas plusieurs corps, mais un seul corps. En effet, comme le pain est tout un, bien qu'il soit constitué de multiples grains qui, bien qu'on ne les voie pas, se trouvent en lui, tels que leur différence disparaisse en raison de leur parfaite fusion, de la même manière nous sommes unis les uns aux autres et nous sommes unis tous ensemble au Christ » (Homélies sur la première Lettre aux Corinthiens, 24, 2).

Les prières eucharistiques de la Sainte Messe expriment aussi parfaitement cette doctrine traditionnelle :

Prière eucharistique II :
Humblement, nous te demandons qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps.

Prière eucharistique III :
Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Église, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton Alliance ; quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ.

Prière eucharistique IV :
Regarde, Seigneur, cette offrande que tu as donnée toi-même à ton Eglise ; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d'être rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps, pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire.

La boucle est bouclée. Les évêques ordonnés dans la succession apostolique sont les garants de la légitimité de l’Eucharistie, laquelle, par la participation au même pain eucharistique, édifie les fidèles en un seul corps, le corps mystique et vivant du Christ Jésus, l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

Lorsque Jésus-Christ dit : "Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé" (Luc X, 16), c'est bien à ses apôtres qu'il s'adresse, et rien ne permet d'étendre cette déclaration à l'ensemble des chrétiens.

Le Seigneur a donné une autorité spécifique à ses apôtres, c'est une évidence. Il les a désigné pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph. II, 19-20). Dans Apo. XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". S. Paul, en 1 Cor. III, 10, ne s'exprime pas autrement à propos de son rôle dans la création de l'Eglise de Corinthe : "Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai, comme un sage architecte, posé le fondement, et un autre bâtit dessus."

Bien que les chrétiens forment "une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis" (1 P. II, 9), Jésus-Christ n'en a pas moins désigné des pasteurs pour paître le troupeau (Jn XXI, 15-17 ; Actes XX, 28). Des pasteurs pour paître le troupeau ! Cette seule image suffit amplement à démontrer l'existence d'une hiérarchie sacerdotale établie pour gouverner le Peuple de Dieu. L'auteur de l'Epître aux Hébreux qualifie quant à lui les pasteurs de conducteurs auxquels les fidèles doivent obéissance (Hb XIII, 17, 24).

Tous ces pasteurs participent du sacerdoce unique du Christ, "le grand Pasteur des brebis" (Hb XIII, 20), et trouvent leur origine dans le collège des douze apôtres, qui est comme la souche du sacerdoce de la Nouvelle Alliance éternelle. C'est à eux seuls que s'adresse Jésus en Luc X, 16, et, à travers eux, à leurs successeurs dans leur charge pastorale.

Car il ne fait aucun doute que les apôtres ont pourvu à leur succession. De quelle manière ? On voit dans les Ecritures que les apôtres se sont associés de nombreuses personnes qui, après leur décès, devaient très logiquement poursuivre leur œuvre d'évangélisation. Cela est particulièrement net dans les épîtres de Paul, qui nous renseignent avec précision sur la manière dont l'apôtre transmettait à ses collaborateurs le don spirituel qui s'est communiqué jusqu'à nous à travers la consécration épiscopale : "C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains." (2 Tim. I, 6-7) ; "N'impose (trop) vite les mains à personne" (1 Tim. V, 22) ; "Ne perds pas de vue le don spirituel qui est en toi, qui t'a été donné par action prophétique avec l'imposition des mains du collège des anciens" (1 Tim. IV, 14). Ce "don spirituel", c'est le sacrement de l'ordre.

La succession apostolique est donc très clairement attestée dans le Nouveau Testament. Elle est le fondement d'une autorité ecclésiale légitime, qui remonte ainsi aux apôtres. Seules l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe procèdent de cette succession apostolique ; elles forment de ce fait comme les deux poumons de la véritable Eglise du Christ. Les communautés ecclésiales qui n'ont pas maintenu le sacrement de l'ordre - et donc la succession apostolique - se sont séparés de l'Eglise et forment des groupements illégitimes.

samedi 27 juin 2009

Du purgatoire


Les évangéliques nous reprochent souvent de croire au purgatoire, en effet cela contredit leur foi qui enseigne que croire en Dieu suffit à être sauvé. Nous avons vu dans un précédent post qu'il n'en est rien.

Étudions alors la doctrine du purgatoire.

I. Le purgatoire est ils scripturaire ?

Tout d’abord, il faut noter que le mot « purgatoire » ne se trouve pas dans les Ecritures. Les mots « Trinité » ou « Incarnation » n’y sont pas non plus, pourtant ces points de doctrine sont clairement enseignés dans la Bible. De la même façon, la Bible enseigne qu’il existe un stade de purification intermédiaire après la mort. Nous l’appelons « Purgatoire ». Cependant, ce qui est important, c’est la doctrine, pas le nom qu’on lui donne.

  • Gn 50, 10 : « Étant parvenus jusqu’à Gorèn-ha-Atad, - c’est au-delà du Jourdain, - ils y firent une grande et solennelle lamentation, et Joseph célébra pour son père un deuil de sept jours. » (voir aussi Nb 20, 29 ; Dt 34, 8)

Voici quelques exemples de prière rituelle et de deuil pour les morts pendant une période spécifique. La pratique juive de ces prières était destinée à libérer les âmes de la douloureuse purification où elles se trouvent et accélérer leur accès à Dieu.


  • Mt 12, 32 : « Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre. »

Jésus implique que certains péchés peuvent être pardonnés dans l’autre monde. L’expression “dans l’autre” (en grec “en to mellonti”) renvoie à la vie après la mort (voir par ex. Mc 10, 30 ; Lc 18, 30 ; 20, 34-35; Eph 1, 21). Les péchés ne peuvent pas être pardonnés en enfer. Il n’y a pas de péché à pardonner au paradis. Il y a donc un lieu où le pardon peut s’effectuer : le purgatoire.


  • Mt 5, 25-26 (Cf Mt 18, 34 ; Lc 12, 58-59) : « Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l’adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là, que tu n’aies rendu jusqu’au dernier sou. »

L’adversaire c’est le démon (1 P 5, 8) qui est l’accusateur (Job 1, 6-12 ; Za 3, 1 ; Ap 12, 10) et Dieu est le juge. Si nous n’avons pas lutté correctement contre le démon et le péché, nous serons emprisonnés de façon temporaire, jusqu’à ce que notre dette avec Dieu soit effacée.


  • Lc 12, 47-48: « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre. A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage. »


Lorsque le maître, Jésus, reviendra à la fin des temps, certains recevront des coups, un grand nombre ou un petit, mais cependant vivront. Cet état n’est pas celui du ciel, où il n’y a pas de souffrance, ni celui de l’enfer, où les âmes ne vivent plus avec Jésus.


  • Lc 16, 19-31. Parabole du pauvre Lazare et de l’homme riche.

Dans cette histoire, nous voyons cet homme riche, mort et qui souffre, mais qui cependant ressent de la compassion pour ses frères et veut les prévenir, afin qu’ils ne subissent pas le même sort. Mais il n’y a pas de souffrance au ciel, ni compassion en enfer, car cette dernière est une grâce de Dieu et les âmes en enfer sont privées des grâces de Dieu pour toujours. Où est l’homme riche ? Au purgatoire


  • 1 Co 3, 15 : « Si l’œuvre d’un homme est consumée, il en subira la perte ; quant à lui, il sera sauvé, mais comme à travers le feu. »

Ce verset ne peut pas s’appliquer à la peine éternelle de l’enfer, car en ce lieu personne n’est sauvé. Il ne peut pas non plus s’appliquer au paradis, car personne n’y souffre. Il s’agit donc d’un stade intermédiaire où l’âme souffre temporairement afin d’accéder au ciel. C’est la définition même du purgatoire.


  • 1 Co 15, 29 : « S’il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux ? »


Paul fait référence à des personnes qui se ‘font baptiser pour les morts’ dans le contexte de l’expiation de leurs péchés. Ces morts ne peuvent pas être au paradis, car ils doivent encore expier leurs péchés, mais ils ne peuvent pas être en enfer, car en ce lieu aucun péché ne peut être expié. Ils sont au purgatoire. Ce verset correspond directement à 2 M 12, 44-45 qui parle aussi spécifiquement de prières pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés (voir plus bas).


  • Phil 2, 10: “pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et sous la terre, »

Sous la terre, c’est le lieu des justes morts, appelé aussi purgatoire.


  • 2 Tim 1, 16-18 : « Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d’Onésiphore, car souvent il m’a réconforté, et il n’a pas rougi de mes chaînes ; au contraire, à son arrivée à Rome, il m’a recherché activement et m’a découvert. Que le Seigneur lui donne d’obtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce Jour-là. Quant aux services qu’il m’a rendus, à Éphèse, tu les connais mieux que personne. »

Onésiphore est mort et pourtant Paul demande miséricorde pour lui pour « ce Jour là ». C’est une référence eschatologique, concernant le dernier jour (voir par ex Rm 2, 5.16 ; 1 Co 1, 8 ; 3, 13 ; 5, 5 ; 2 Co 1, 14 ; Phil 1, 6. 10 ; 2, 16 ; 1 Thess 5, 2.4-5.8 ; 2 Thess 2, 2-3 ; 2 Tim 4, 8). Bien sûr, il n’y a pas besoin de miséricorde au ciel et nulle miséricorde n’est donnée en enfer. Où est Onésiphore ? Au purgatoire.


  • Heb 12, 14 : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur; »

Nous avons besoin d’être totalement sanctifié pour voir Dieu face à face. Ce processus se déroule durant notre vie et, s’il n’est pas achevé à notre mort, il est complété au purgatoire.


  • Heb 12, 22-23 : « Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête,et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d’un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits, »

Les âmes des hommes justes qui meurent sont « rendus parfaites ». Ces hommes ne sont pas nécessairement morts totalement purifiés et ont donc été purifiés, après leur mort. Ceux qui sont au ciel sont déjà parfaits et les âmes en enfer ne peuvent être purifiées, donc le stade de purification est le purgatoire.


  • 1 P 3, 18-20 : « Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit. C’est en lui qu’il s’en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque se prolongeait la patience de Dieu, aux jours où Noé construisait l’Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. »
  • 1 P 4, 6 : « C’est pour cela, en effet, que même aux morts a été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils puissent vivre selon Dieu dans l’esprit. »



Pierre parle d’une prison pour ceux qui ont désobéi, et qui cependant sont sauvés lorsque Jésus vient leur prêcher. Ce n’est pas l’enfer, parce que personne n’est sauvé en enfer. Ce n’est pas le « limbe des pères (appelé aussi le « sein d’Abraham » où les âmes des justes de l’Ancien Testament ont attendu jusqu’à ce que Jésus vienne ouvrir les portes du paradis) parce que c’est un endroit pour ceux qui ont désobéi. On ne peut imaginer Pierre évoquer qu’en un tel lieu des justes tels que David ou Jean Baptiste.

Pierre décrit un état temporaire pour des esprits désobéissants qui seront finalement sauvés. Il y a donc entre le ciel et l’enfer, un troisième endroit, le purgatoire.



La plus claire affirmation de l’existence du purgatoire vient du Second livre des Maccabées, qui a toujours fait partie du canon de l’Ancien Testament de l’Eglise mais qui n’es pas accepté par les protestants :

  • 2 M 12, 43-45 : « puis le valeureux Judas exhorta la troupe à se garder pure de tout péché, ayant sous les yeux ce qui était arrivé à cause de la faute de ceux qui étaient tombés. Puis, ayant fait une collecte d’environ 2.000 drachmes, il l’envoya à Jérusalem afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement d’après le concept de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que les soldats tombés dussent ressusciter, il était superflu et sot de prier pour les morts, et s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée sainte et pieuse. Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché. »


Ce passage montre deux points importants :

  1. Il prouve que la distinction entre péché véniel et péché mortel. Bien que ces hommes aient péché en portant des amulettes de dieux étrangers, ils «s’endormirent dans la piété». Ils ont péché; certes, mais sont mort cependant dans la piété. Donc leur péché ne menait pas à la mort (éternelle), était donc un péché véniel. Et le péché véniel, non mortel, est pardonnable après la mort.
  2. Il prouve aussi l’existence d’un état intermédiaire où les péchés véniels peuvent être pardonnés. Nous savons qu’il est impossible d’aider les âmes qui sont au paradis (elles n’ont pas de besoin), et il est de même impossible d’aiser les âmes en enfer (elles n’ont pas d’espérance). Prier pour les morts présuppose un stade intermédiaire pour les âmes où les péchés véniels peuvent être pardonnés et où l’expiation peut avoir lieu.


Même si quelqu’un rejette le canon de la Bible établi officiellement par l’Eglise catholique en 405, il n’y a aucun doute que 2 Maccabées décrit de façon correcte la pratique religieuse des juifs au deuxième siècle avant Jésus Christ. A cette époque les juifs priaient pour leurs morts (et ils le font encore aujourd’hui).

Certaines des plus anciennes liturgies chrétiennes incluent des prières pour les morts. Les tombes chrétiennes du deuxième et du troisième siècle sont ornées fréquemment de prière pour les morts. Cette pratique n’a de sens que si les premiers chrétiens croyaient au purgatoire, même si le mot n’était pas utilisé alors.


II. Pourquoi le purgatoire ?


L’existence d’un stade de purification après la mort, pour les âmes des justes n’étant pas totalement purifiés, est clairement établi par les Ecritures (vu ci-dessus).

Pour comprendre à présent la nécessité du Purgatoire, il faut d’abord considérer ce qu’est le péché et quelles sont ses conséquences.


Le pêché

Le péché est le plus grand drame de la vie, puisqu’il est séparation de la source de toute vie, bonté et joie, Dieu lui-même. Pêcher, c’est dire « non » à Dieu, à Sa volonté, à Sa loi et à Son amour. C’est rompre l’alliance d’amour qui nous unit à Dieu. C’est de fait comparable à l’infidélité conjugale, comme le montre les Ecritures à de nombreux endroits (par ex. Os 2, 4-15).

Il y a deux types de péchés : le péché actuel et le péché originel. Le péché actuel est quelque chose que nous faisons, le péché originel est quelque chose que nous avons (tel une maladie). Le péché actuel c’est donc tous les péchés que nous commettons, en particulier les actes, les choix que nous faisons et qui sont en opposition avec la volonté de Dieu telle qu’elle est révélée dans la loi de Dieu, la loi morale écrite à la fois dans les Dix commandements et dans nos consciences.

Le péché étant réel, le pardon doit l’être tout autant. Or « sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission des péchés » (Hb 9, 22). Or « qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2, 7). C’est pour cela que le Verbe de Dieu s’est fait homme (cf Jn 1, 14) et est mort sur une croix « pour abolir le péché par son sacrifice » (Hb 9, 26). Donc le pardon des péchés nécessite la croix, ce qui donne la mesure de la gravité du péché, quel qu’il soit.


Pêché véniel et pêché mortel


Si tout péché est un mal et une offense faite à Dieu, il y a cependant deux niveaux de gravité dans le péché, selon Jésus. En Lc 12, 47-48, il enseigne : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quand à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre ». Quelle est cette distinction ? St Jean parle (en 1 Jn 5, 16) d’un « péché qui ne mène pas à la mort » - ce qu’on appelle un péché « véniel » - et d’un « péché qui mène à la mort » - un péché « mortel ».

Le péché véniel endommage la relation que nous avons avec Dieu, le péché mortel la détruit. Le péché véniel est comme une dispute entre deux époux, le péché mortel est comme un divorce. Ainsi mourir dans un état de péché mortel, c’est perdre le paradis pour toujours, puisqu’il n’y a pas de repentance et de conversion après la mort. La mort de Jésus sur la croix est la satisfaction parfaite de l’offense faite à Dieu par le péché mortel. De plus tous ceux qui reçoivent ses mérites et sa satisfaction sont réconciliés, le péché leur est remis ainsi que la peine éternelle due au péché mortel. Or, même lorsque le péché mortel est remis, il reste souvent une peine temporelle à subir en cette vie ou, si cette peine n’est pas satisfaite à la mort, au purgatoire.



La peine temporelle dans la Bible

Or si nous regardons dans les Écritures, il apparaît qu’après la confession des péchés et le pardon reçu de Dieu, il demeure la nécessité de la réparation, qui est aussi appelée satisfaction. La sainteté et la justice de Dieu exige cette réparation en raison de l’offense commise et aussi pour la transformation du pécheur. Un des passages célèbre de l’Ecriture illustre cela. Après le péché d’adultère commis par le Roi David avec Bethsabée, la femme d’Urie, le prophète Nathan vient et confronte David. « David dit à Nathan : ‘J’ai péché contre le Seigneur’. Alors Nathan dit à David : ‘De son côté, le Seigneur pardonne ta faute, tu ne mourras pas. Seulement, parce que tu as outragé le Seigneur en cette affaire, l’enfant qui t’est né mourra’ » (2 S 12, 13-14).

D’autres exemples bibliques inclus l’exclusion du Paradis d’Adam et Eve (Gn 3, 23-24), les 40 ans d’errance dans le désert des Hébreux désobéissants (livre de l’Exode), l’interdiction faite à Moïse d’entrer dans la Terre Promise (Dt 32, 51-52) et la maladie et la mort comme conséquence d’une communion indigne (1 Co 1, 31).

Jésus donne à ses disciples (et par extension aux prêtres) le pouvoir non seulement de « délier » les péchés (pardonner au nom de Dieu) mais aussi de « lier » (imposer des pénitences) : Mt 16, 19 ; 18, 18 ; Jn 20, 23.

La Bible donne d’autres passages qui évoquent ce principe de pénitence : Ex 32, 30-32 ; Nb 14, 19-23 ; 16, 43-48 ; 25, 6-13 ; Rm 8, 13.17 ; 1 Co 11, 27-32 ; 12, 24-26 ; 2 Co 4, 10 ; Phil 3, 10 ; Col 1, 24 ; 2 Tim 4, 6 ; Heb 12, 6-8 ; 1 P 4, 1.13.


III. Résumé

  1. Seuls les âmes imparfaites et en état de grâce entrent au Purgatoire. Ce n’est pas une “seconde chance pour ceux qui meurent en état de péché mortel sans repentir.
  2. Le Purgatoire existe pour la purification et la réparation. Les effets des péchés sont purgés. Les punitions dues au péché sont payées.
  3. Le Purgatoire est temporaire. Lorsque les saints imparfaits sont purifiés, ils entrent au ciel. Tous ceux qui sont au Purgatoire sont sauvés et vont entrer au ciel. Le Purgatoire cessera au retour du Christ. Seuls le ciel et l’enfer sont éternels.

dimanche 12 avril 2009

Pâque

La joie de Pâque !

La victoire éclatante de Notre Seigneur Jésus Christ contre la Mort. Voilà ce que nous célébrons à Pâque. Le Christ est mort pour nous, lui qui est Dieu, il s'est fait homme pour nous sauver, il a tout vécu comme nous, il a racheté ses pêchés sur la Croix. La Sainte Croix, celle là même que nous avons adoré le Vendredi Saint, cette Croix dressé sur le monde. Et il a livré bataille pour nous, il a vaincu Satan.

Cette victoire a un effet sur nous, baptisés, nous sommes devenus les frères et sœurs de Jésus Christ, nous sommes devenus des enfants de Dieu. Nous sommes ressuscités dés à présent, nous vivons déjà dans le Christ.

Ne vivons pas Pâque comme une fête de plus dans notre calendrier. Vivons la pleinement comme le sommet de notre vie chrétienne, l'essence même de notre Foi.

Pour terminer, je nous souhaite d'être des chrétiens heureux, car Pâque est une Bonne Nouvelle, c'est un espoir pour le Monde. Soyons porteur de ce message !


Bonne fête de Pâque à tous !!!

samedi 21 mars 2009

Arnaud Dumouch : les déclarations du Pape sur le préservatif

Les fondements de l'Eglise


L'Eglise est à la fois visible et spirituelle, sans que l'on puisse jamais séparer ce qui est visible de ce qui est spirituel, ni ce qui est spirituel de ce qui est visible. En vertu d'une analogie qui n'est pas sans valeur, on peut la comparer au mystère du Verbe incarné. Tout comme en effet la nature prise par le Verbe divin est à son service comme un organe vivant de salut qui lui est indissolublement uni, de même le tout social que constitue l'Eglise est au service de l'Esprit du Christ qui lui donne la vie, en vue de la croissance du corps (Eph. IV, 16).

Le Seigneur a désigné ses apôtres pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph. II, 19-20). Dans Apo. XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". Que l'on enlève les pierres fondamentales ou la pierre angulaire, et tout l'édifice de l'Eglise s'effondre ; de sorte qu'il n'est pas possible de séparer l'Eglise apostolique, constitué des pasteurs désignés pour paître le troupeau, de Jésus-Christ, le Bon Pasteur, le Pasteur suprême.

Or les apôtres, par l'imposition des mains, ont transmis à leurs successeurs leur charge, pour que l'Eglise apostolique du Seigneur se perpétue jusqu'à la fin des temps. Ce principe de la succession apostolique est clairement affirmé par S. Paul : " C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains (2 Tim. I, 6) ou : "N'impose (trop) vite les mains à personne, et ne te rends pas complice des fautes d'autrui ; toi-même, garde-toi pur" (1 Tim. V, 22). C'est à ces seuls pasteurs légitimes qu'a été confié le soin de garder le dépôt de la foi (2 Tim. I, 14) et de paître le troupeau (Actes XX, 28).

Il existe une continuité historique - fondée sur la succession apostolique - entre l'Eglise instituée par le Christ et l'Eglise catholique : c'est là l'unique Eglise du Christ que notre Sauveur, après sa résurrection, remit à Pierre pour qu'il en soit le pasteur (Jn XXI, 17), qu'il confia, à lui et aux autres apôtres, pour la répandre et la diriger (Mt XXVIII, 18 s.), et dont il a fait pour toujours la "colonne et le fondement de la vérité" (1 Tim. III, 15).

Les Églises qui, quoique sans communion parfaite avec l'Église catholique, lui restent cependant unies par des liens très étroits comme la succession apostolique et l'Eucharistie valide, sont de véritables Églises particulières (comme les églises orthodoxes). Par conséquent, l'Église du Christ est présente et agissante dans ces Églises, malgré l'absence de la pleine communion avec l'Église catholique, provoquée par leur non-acceptation de la doctrine catholique du Primat, que l'Évêque de Rome, d'une façon objective, possède et exerce sur toute l'Église conformément à la volonté divine.

En revanche, les Communautés ecclésiales qui n'ont pas conservé l'épiscopat valide et la substance authentique et intégrale du mystère eucharistique, ne sont pas des Églises au sens propre (ainsi la plupart des églises protestantes, dont les évangéliques) ; toutefois, les baptisés de ces Communautés sont incorporés au Christ par le baptême et se trouvent donc dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église. Le baptême en effet tend en soi à l'acquisition de la plénitude de la vie du Christ, par la totale profession de foi, l'Eucharistie et la pleine communion dans l'Église. Pour mieux exprimer cette position de l’Eglise et pour ne pas laisser de place à l’incompréhension :

Les liens de l'Eglise avec les chrétiens non catholiques

15. Avec ceux qui, baptisés, s'honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas l'unité de la communion avec le successeur de Pierre, l'Eglise se sait unie par de multiples rapports (14). Beaucoup, en effet, vénèrent la sainte Ecriture comme norme de foi et de vie; ils manifestent aussi un authentique zèle religieux, croient avec amour en Dieu le Père tout-puissant et dans le Christ, Fils de Dieu Sauveur (15), sont marqués par le baptême, qui les unit au Christ et, en outre, reconnaissent et acceptent d'autres sacrements dans leurs propres Eglises ou communautés. Plusieurs parmi eux ont aussi l'épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et cultivent la dévotion envers la Vierge Mère de Dieu (16). A cela s'ajoute la communion par la prière et d'autres bienfaits spirituels; et même une union réelle dans l'Esprit-Saint, car l'Esprit agit également en eux par ses dons et ses grâces, avec sa puissance sanctificatrice; et il a donné à certains d'entre eux une vertu qui les a fortifiés jusqu'à l'effusion de leur sang. Ainsi l'Esprit éveille-t-il en tous les disciples du Christ le désir et oriente-t-il leur activité afin que tous s'unissent pacifiquement, de la manière que le Christ a fixée, en un seul troupeau et sous un seul Pasteur (17). Et pour obtenir cette unité la Mère Eglise ne cesse de prier, d'espérer et d'agir. Elle exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler, afin que l'image du Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de l'Eglise. (Concile Vatican II, Lumen Gentium, 15)

La succession apostolique

Que l’Eglise fondée par Jésus-Christ soit édifiée et sur la succession apostolique, et sur l’Eucharistie, c’est là une vérité révélée par la Sainte Ecriture et par toute la Tradition sacrée de l’Eglise.

Le Seigneur a désigné ses apôtres pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph II, 19-20). Dans Ap XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". Que l'on enlève les pierres fondamentales ou la pierre angulaire, et tout l'édifice de l'Eglise s'effondre ; de sorte qu'il n'est pas possible de séparer l'Eglise apostolique, constitué des pasteurs désignés pour paître le troupeau, de Jésus-Christ, le Bon Pasteur, le Pasteur suprême.

Or les apôtres, par l'imposition des mains, ont transmis à leurs successeurs leur charge, pour que l'Eglise apostolique du Seigneur se perpétue jusqu'à la fin des temps. Ce principe de la succession apostolique est clairement affirmé par S. Paul : " C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains" (2 Tm I, 6) ou : "N'impose (trop) vite les mains à personne, et ne te rends pas complice des fautes d'autrui ; toi-même, garde-toi pur" (1 Tm. V, 22). C'est à ces seuls pasteurs légitimes qu'a été confié le soin de garder le dépôt de la foi (2 Tm. I, 14) et de paître le troupeau (Ac XX, 28).
Attesté par l’Ecriture, le principe de la succession apostolique des évêques l’est encore par la Tradition de l’Eglise, ainsi que l’attestent ces quelques auteurs :

S. Clément de Rome, Épître aux corinthiens, XLII, 4-5 ; XLIV, 1-4
[XLII] 4. A travers les campagnes et les villes, ils proclamaient la parole, et c'est ainsi qu'ils prirent leurs prémices ; et après avoir éprouvé quel était leur esprit, ils les établirent évêques et diacres des futurs croyants. 5. Et ce n'était pas là chose nouvelle : depuis de longs siècles déjà l'Écriture parlait des évêques et des diacres ; elle dit en effet: " J'établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi" (Is. 60, 17) (...) [XLIV] 1. Nos Apôtres aussi ont su qu'il y aurait des contestations au sujet de la dignité de l'épiscopat ; 2. C’est pourquoi, sachant très bien ce qui allait advenir, ils instituèrent les ministres que nous avons dits et posèrent ensuite la règle qu'à leur mort d'autres hommes éprouvés succéderait à leurs fonctions. 3. Ceux qui ont ainsi reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d'autres personnages éminents, avec l'assentiment de toute l'Église, s’ils ont servi le troupeau du Christ d'une façon irréprochable, en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie, si tous ont rendu un bon témoignage depuis longtemps, nous pensons que ce serait contraire à la justice de les rejeter de leur ministère. 4. Et ce ne serait pas une petite faute de déposer de l'épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable.

Hégésippe (113-175), rapporté par Eusèbe IV, 22, 2
Et l'Église des Corinthiens demeura dans l'orthodoxie jusqu'à ce que Primus devînt évêque à Corinthe. Lorsque je naviguais vers Rome, j'ai vécu avec les Corinthiens et j'ai passé avec eux un certain nombre de jours pendant lesquels nous nous sommes réconfortés de leur orthodoxie. Étant arrivé à Rome, j'y établis une succession jusqu'à Anicet, dont Eleuthère était diacre. Soter a succédé à Anicet et, après lui, il y a eu Eleuthère. Dans chaque succession et dans chaque ville, il en est comme le prêchent la Loi, les prophètes et le Seigneur.

S. Irénée, Contre les hérésies, Livre III
Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d'énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l'une d'entre elles, l'Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes (...) Voilà par quelle suite et quelle succession la Tradition se trouvant dans l'Église à partir des apôtres et la prédication de la vérité sont parvenues jusqu'à nous. Et c'est là une preuve très complète qu'elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l'Église, depuis les apôtres jusqu'à maintenant, s'est conservée et transmise dans la vérité.

Tertullien, Traité de la prescription contre les hérétiques
Apostolicité des origines et successions apostoliques. XXXII. [1] D'ailleurs, si quelques-unes [des communautés chrétiennes] osent se rattacher à l'âge apostolique pour paraître transmises par les apôtres, sous prétexte qu'elles existaient à l'époque des apôtres, nous sommes en droit de leur dire : « Montrez l'origine de vos Églises; déroulez la série de vos évêques se succédant depuis l'origine, de telle manière que le premier évêque ait eu comme garant et prédécesseur l'un des apôtres ou l'un des hommes apostoliques restés jusqu'au bout en communion avec les apôtres. » [2] Car c'est ainsi que les Églises apostoliques présentent leurs fastes. Par exemple, l'Église de Smyrne rapporte que Polycarpe fut installé par Jean; l'Église de Rome montre que Clément a été ordonné par Pierre. [3] De même encore, d'une façon générale, les autres Églises exhibent les noms de ceux qui, établit par les apôtres dans l'épiscopat, possèdent la bouture de la semence apostolique.

S. Cyprien, Lettre XXXIII
Notre Seigneur, dont nous devons révérer et garder les commandements, réglant ce qui concerne les égards dus à l'évêque, et le plan de son Église, parle dans l'évangile et dit à Pierre : "Je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel". (Mt 16,18-19). De là découle, à travers la série des temps et des successions, l'élection des évêques et l'organisation de l'Église : l'Église repose sur les évêques et toute sa conduite obéit à la direction de ces mêmes chefs.

S. Augustin, Contre un adversaire de la loi et des prophètes, I, 39
Notre adversaire a tiré le passage qu'il a cité des livres apocryphes que l'on attribue à André et à Jean. Si ces livres étaient véritablement l'œuvre de ces apôtres, l'Église les aurait reçus, cette Église qui, par la succession visible de ses évêques, descend des Apôtres jusqu'à nous (...)

L’Eucharistie, Mystère de l’unité, n’est légitime que si elle est célébrée en communion avec l’évêque local, lui-même uni au successeur de Pierre, fondement et principe de l’unité de l’Eglise universelle : « Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l'évêque ou de celui qu'il en aura chargé » (S. Ignace d’Antioche, Lettre aux Smyrniotes, VIII, 1).

« Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co X, 16-17) - Bien plus qu'analogie, il y a relation d'identité entre la participation au pain eucharistique et l'intégration au corps ecclésial unique. C'est pourquoi l'expression "Corps du Christ" désigne à la fois l'Eglise et l'Eucharistie, une correspondance ontologique s’établissant entre elles. Le rassemblement du peuple de Dieu invité à la "fraction du pain" (Ac 2, 42) fait que l'Eglise devient hic et nunc ce qu'elle est : le corps du Christ vivant. S. Jean Chrysostome exprime parfaitement cette fonction unificatrice de la communion eucharistique : « Qu'est donc ce pain ? C'est le corps du Christ. Que deviennent ceux qui le reçoivent ? Le corps du Christ : non pas plusieurs corps, mais un seul corps. En effet, comme le pain est tout un, bien qu'il soit constitué de multiples grains qui, bien qu'on ne les voie pas, se trouvent en lui, tels que leur différence disparaisse en raison de leur parfaite fusion, de la même manière nous sommes unis les uns aux autres et nous sommes unis tous ensemble au Christ » (Homélies sur la première Lettre aux Corinthiens, 24, 2).

Les prières eucharistiques de la Sainte Messe expriment aussi parfaitement cette doctrine traditionnelle :

Prière eucharistique II :
Humblement, nous te demandons qu'en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps.

Prière eucharistique III :
Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Église, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton Alliance ; quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l'Esprit Saint, accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ.

Prière eucharistique IV :
Regarde, Seigneur, cette offrande que tu as donnée toi-même à ton Eglise ; accorde à tous ceux qui vont partager ce pain et boire à cette coupe d'être rassemblés par l'Esprit Saint en un seul corps, pour qu'ils soient eux-mêmes dans le Christ une vivante offrande à la louange de ta gloire.

La boucle est bouclée. Les évêques ordonnés dans la succession apostolique sont les garants de la légitimité de l’Eucharistie, laquelle, par la participation au même pain eucharistique, édifie les fidèles en un seul corps, le corps mystique et vivant du Christ Jésus, l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

Lorsque Jésus-Christ dit : "Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; or celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé" (Luc X, 16), c'est bien à ses apôtres qu'il s'adresse, et rien ne permet d'étendre cette déclaration à l'ensemble des chrétiens.

Le Seigneur a donné une autorité spécifique à ses apôtres, c'est une évidence. Il les a désigné pour être les fondements visibles de l'Eglise, dont lui-même est la pierre angulaire (Eph. II, 19-20). Dans Apo. XXI, 14, S. Jean décrit l'Eglise comme une ville constituée de "douze pierres fondamentales sur lesquelles sont douze noms, ceux des douze apôtres de l'Agneau". S. Paul, en 1 Cor. III, 10, ne s'exprime pas autrement à propos de son rôle dans la création de l'Eglise de Corinthe : "Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai, comme un sage architecte, posé le fondement, et un autre bâtit dessus."

Bien que les chrétiens forment "une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s'est acquis" (1 P. II, 9), Jésus-Christ n'en a pas moins désigné des pasteurs pour paître le troupeau (Jn XXI, 15-17 ; Actes XX, 28). Des pasteurs pour paître le troupeau ! Cette seule image suffit amplement à démontrer l'existence d'une hiérarchie sacerdotale établie pour gouverner le Peuple de Dieu. L'auteur de l'Epître aux Hébreux qualifie quant à lui les pasteurs de conducteurs auxquels les fidèles doivent obéissance (Hb XIII, 17, 24).

Tous ces pasteurs participent du sacerdoce unique du Christ, "le grand Pasteur des brebis" (Hb XIII, 20), et trouvent leur origine dans le collège des douze apôtres, qui est comme la souche du sacerdoce de la Nouvelle Alliance éternelle. C'est à eux seuls que s'adresse Jésus en Luc X, 16, et, à travers eux, à leurs successeurs dans leur charge pastorale.

Car il ne fait aucun doute que les apôtres ont pourvu à leur succession. De quelle manière ? On voit dans les Ecritures que les apôtres se sont associés de nombreuses personnes qui, après leur décès, devaient très logiquement poursuivre leur œuvre d'évangélisation. Cela est particulièrement net dans les épîtres de Paul, qui nous renseignent avec précision sur la manière dont l'apôtre transmettait à ses collaborateurs le don spirituel qui s'est communiqué jusqu'à nous à travers la consécration épiscopale : "C'est pourquoi je te rappelle de raviver le don de Dieu, qui est en toi, (conféré) par l'imposition de mes mains." (2 Tim. I, 6-7) ; "N'impose (trop) vite les mains à personne" (1 Tim. V, 22) ; "Ne perds pas de vue le don spirituel qui est en toi, qui t'a été donné par action prophétique avec l'imposition des mains du collège des anciens" (1 Tim. IV, 14). Ce "don spirituel", c'est le sacrement de l'ordre.

La succession apostolique est donc très clairement attestée dans le Nouveau Testament. Elle est le fondement d'une autorité ecclésiale légitime, qui remonte ainsi aux apôtres. Seules l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe procèdent de cette succession apostolique ; elles forment de ce fait comme les deux poumons de la véritable Eglise du Christ. Les communautés ecclésiales qui n'ont pas maintenu le sacrement de l'ordre - et donc la succession apostolique - se sont séparés de l'Eglise et forment des groupements illégitimes.