samedi 12 décembre 2009

Du célibat des prêtres


Saint Thomas d'Aquin répond aux critiques protestantes sur le célibat des prêtres. Je vous invite à lire cet article avec attention, il montre combien le célibat des religieux est spirituellement très important.



Article 4 — La continence est-elle requise à l’état religieux ?



Objections :


1. Il semble que la continence perpétuelle ne soit pas requise pour la perfection de l’état religieux. En effet, toute la perfection de la vie chrétienne a commencé à partir des Apôtres du Christ. Or nous ne voyons pas que les Apôtres aient pratiqué la continence : Pierre, par exemple était marié puisqu’on nous parle (Mt 8, 14) de sa belle-mère. Il semble donc que la continence perpétuelle n’est pas exigée pour la perfection de la vie religieuse.


2. Le premier modèle de perfection qui nous ait été montré, c’est Abraham à qui le Seigneur a dit (Gn 17, 1) : " Marche en ma présence et sois parfait. " Or la copie n’a pas à surpasser le modèle. La continence perpétuelle n’est donc pas requise pour la perfection de l’état religieux.


3. Ce qui est exigé pour la perfection de la vie religieuse doit se trouver en tout religieux. Or il y a des religieux qui vivent dans le mariage. La perfection de l’état religieux n’exige donc pas la continence perpétuelle.



En sens contraire, S. Paul a dit (2 Co 7, 1) " Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, et rendons parfaite notre sanctification dans la crainte de Dieu. " Or la pureté de la chair et de l’esprit se conserve par la continence. Il est écrit, en effet, (1 Co 7, 34) : " La femme non mariée, comme la vierge, se préoccupe de ce qui regarde le Seigneur pour être sainte d’esprit et de corps. " Donc la perfection de l’état religieux exige la continence.



Réponse :


L’état religieux demande l’éloignement de tout ce qui empêche la volonté humaine de se porter tout entière au service de Dieu. Or la pratique de l’union charnelle empêche l’âme de se consacrer totalement au service de Dieu. Et cela de deux façons. D’abord à cause de la violence des délectations, dont l’expérience fréquente accroît la convoitise, observe Aristote. Par suite, la pratique de la vie sexuelle retire l’âme de cette parfaite intention de tendre à Dieu. C’est ce que dit S. Augustin : " je ne connais rien qui précipite de sa citadelle une âme virile comme les séductions de la femme et ce contact des corps sans lequel on ne peut posséder son épouse. "

Ensuite, à cause des soucis qu’apporte à l’homme le gouvernement de la femme, des enfants, et des biens temporels que demande leur entretien. Comme dit S. Paul (1 Co 7, 32) : " Celui qui n’a pas de femme se préoccupe des choses du Seigneur et de plaire à Dieu ; celui qui est marié se préoccupe des choses du monde et de plaire à sa femme. "

C’est pourquoi, au même titre que la pauvreté volontaire, la continence perpétuelle est requise pour la perfection de l’état religieux. Et de même que l’Église a condamné Vigilantius qui égalait la richesse à la pauvreté, elle a condamné Jovinien qui égalait le mariage à la virginité.



Solutions :


1. C’est le Christ qui a introduit la perfection, non seulement de la pauvreté, mais aussi de la continence, lorsqu’il a dit (Mt 19, 12) : " Il y a des eunuques qui se sont volontairement rendus tels pour le Royaume des cieux. " Et il ajoute. " Celui qui est capable de comprendre qu’il comprenne ! " Cependant, pour que l’espoir de parvenir à la perfection ne fût enlevé à personne, il a appelé à l’état de perfection même ceux qu’il trouvait engagés dans les liens du mariage. Or il était impossible que, sans leur faire tort, des maris abandonnent leur femme alors que des hommes pouvaient abandonner leurs richesses sans faire de tort. C’est pourquoi, il ne sépara pas de sa femme Pierre qu’il avait trouvé marié. " Cependant il détourna du mariage Jean qui s’y disposait. "


2. S. Augustin écrit : " La chasteté du célibat vaut mieux que la chasteté des noces. Abraham n’a pratiqué en fait que la seconde, mais toutes les deux par habitus. Il vivait chastement dans le mariage, et il était disposé à observer la chasteté du célibat. Mais le temps où il vivait ne la comportait pas. " C’était, chez les anciens Pères, la preuve d’une très grande vertu que de posséder la perfection de l’âme dans la richesse et dans le mariage. Les faibles ne doivent donc pas s’en prévaloir pour présumer de leur vertu au point de se croire capables de parvenir à la perfection parmi les richesses et dans le mariage ; comme si un homme sans armes avait la présomption d’attaquer des ennemis sous prétexte que Samson en tua un grand nombre sans autres armes qu’une mâchoire d’âne. D’ailleurs si le temps avait été venu de garder la continence et la pauvreté, ces Pères l’auraient fait avec un grand zèle.


3. Les régimes de vie où l’on use du mariage ne constituent pas, simplement et absolument parlant, des formes de vie religieuse. Ils ne le sont que d’une manière relative et pour autant qu’ils possèdent quelques-uns des éléments de l’état religieux.

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