samedi 27 juin 2009

Du purgatoire


Les évangéliques nous reprochent souvent de croire au purgatoire, en effet cela contredit leur foi qui enseigne que croire en Dieu suffit à être sauvé. Nous avons vu dans un précédent post qu'il n'en est rien.

Étudions alors la doctrine du purgatoire.

I. Le purgatoire est ils scripturaire ?

Tout d’abord, il faut noter que le mot « purgatoire » ne se trouve pas dans les Ecritures. Les mots « Trinité » ou « Incarnation » n’y sont pas non plus, pourtant ces points de doctrine sont clairement enseignés dans la Bible. De la même façon, la Bible enseigne qu’il existe un stade de purification intermédiaire après la mort. Nous l’appelons « Purgatoire ». Cependant, ce qui est important, c’est la doctrine, pas le nom qu’on lui donne.

  • Gn 50, 10 : « Étant parvenus jusqu’à Gorèn-ha-Atad, - c’est au-delà du Jourdain, - ils y firent une grande et solennelle lamentation, et Joseph célébra pour son père un deuil de sept jours. » (voir aussi Nb 20, 29 ; Dt 34, 8)

Voici quelques exemples de prière rituelle et de deuil pour les morts pendant une période spécifique. La pratique juive de ces prières était destinée à libérer les âmes de la douloureuse purification où elles se trouvent et accélérer leur accès à Dieu.


  • Mt 12, 32 : « Et quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis ; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre. »

Jésus implique que certains péchés peuvent être pardonnés dans l’autre monde. L’expression “dans l’autre” (en grec “en to mellonti”) renvoie à la vie après la mort (voir par ex. Mc 10, 30 ; Lc 18, 30 ; 20, 34-35; Eph 1, 21). Les péchés ne peuvent pas être pardonnés en enfer. Il n’y a pas de péché à pardonner au paradis. Il y a donc un lieu où le pardon peut s’effectuer : le purgatoire.


  • Mt 5, 25-26 (Cf Mt 18, 34 ; Lc 12, 58-59) : « Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire, tant que tu es encore avec lui sur le chemin, de peur que l’adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. En vérité, je te le dis : tu ne sortiras pas de là, que tu n’aies rendu jusqu’au dernier sou. »

L’adversaire c’est le démon (1 P 5, 8) qui est l’accusateur (Job 1, 6-12 ; Za 3, 1 ; Ap 12, 10) et Dieu est le juge. Si nous n’avons pas lutté correctement contre le démon et le péché, nous serons emprisonnés de façon temporaire, jusqu’à ce que notre dette avec Dieu soit effacée.


  • Lc 12, 47-48: « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre. A qui on aura donné beaucoup il sera beaucoup demandé, et à qui on aura confié beaucoup on réclamera davantage. »


Lorsque le maître, Jésus, reviendra à la fin des temps, certains recevront des coups, un grand nombre ou un petit, mais cependant vivront. Cet état n’est pas celui du ciel, où il n’y a pas de souffrance, ni celui de l’enfer, où les âmes ne vivent plus avec Jésus.


  • Lc 16, 19-31. Parabole du pauvre Lazare et de l’homme riche.

Dans cette histoire, nous voyons cet homme riche, mort et qui souffre, mais qui cependant ressent de la compassion pour ses frères et veut les prévenir, afin qu’ils ne subissent pas le même sort. Mais il n’y a pas de souffrance au ciel, ni compassion en enfer, car cette dernière est une grâce de Dieu et les âmes en enfer sont privées des grâces de Dieu pour toujours. Où est l’homme riche ? Au purgatoire


  • 1 Co 3, 15 : « Si l’œuvre d’un homme est consumée, il en subira la perte ; quant à lui, il sera sauvé, mais comme à travers le feu. »

Ce verset ne peut pas s’appliquer à la peine éternelle de l’enfer, car en ce lieu personne n’est sauvé. Il ne peut pas non plus s’appliquer au paradis, car personne n’y souffre. Il s’agit donc d’un stade intermédiaire où l’âme souffre temporairement afin d’accéder au ciel. C’est la définition même du purgatoire.


  • 1 Co 15, 29 : « S’il en était autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi donc se fait-on baptiser pour eux ? »


Paul fait référence à des personnes qui se ‘font baptiser pour les morts’ dans le contexte de l’expiation de leurs péchés. Ces morts ne peuvent pas être au paradis, car ils doivent encore expier leurs péchés, mais ils ne peuvent pas être en enfer, car en ce lieu aucun péché ne peut être expié. Ils sont au purgatoire. Ce verset correspond directement à 2 M 12, 44-45 qui parle aussi spécifiquement de prières pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés (voir plus bas).


  • Phil 2, 10: “pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et sous la terre, »

Sous la terre, c’est le lieu des justes morts, appelé aussi purgatoire.


  • 2 Tim 1, 16-18 : « Que le Seigneur fasse miséricorde à la famille d’Onésiphore, car souvent il m’a réconforté, et il n’a pas rougi de mes chaînes ; au contraire, à son arrivée à Rome, il m’a recherché activement et m’a découvert. Que le Seigneur lui donne d’obtenir miséricorde auprès du Seigneur en ce Jour-là. Quant aux services qu’il m’a rendus, à Éphèse, tu les connais mieux que personne. »

Onésiphore est mort et pourtant Paul demande miséricorde pour lui pour « ce Jour là ». C’est une référence eschatologique, concernant le dernier jour (voir par ex Rm 2, 5.16 ; 1 Co 1, 8 ; 3, 13 ; 5, 5 ; 2 Co 1, 14 ; Phil 1, 6. 10 ; 2, 16 ; 1 Thess 5, 2.4-5.8 ; 2 Thess 2, 2-3 ; 2 Tim 4, 8). Bien sûr, il n’y a pas besoin de miséricorde au ciel et nulle miséricorde n’est donnée en enfer. Où est Onésiphore ? Au purgatoire.


  • Heb 12, 14 : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur; »

Nous avons besoin d’être totalement sanctifié pour voir Dieu face à face. Ce processus se déroule durant notre vie et, s’il n’est pas achevé à notre mort, il est complété au purgatoire.


  • Heb 12, 22-23 : « Mais vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête,et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d’un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits, »

Les âmes des hommes justes qui meurent sont « rendus parfaites ». Ces hommes ne sont pas nécessairement morts totalement purifiés et ont donc été purifiés, après leur mort. Ceux qui sont au ciel sont déjà parfaits et les âmes en enfer ne peuvent être purifiées, donc le stade de purification est le purgatoire.


  • 1 P 3, 18-20 : « Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit. C’est en lui qu’il s’en alla même prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire lorsque se prolongeait la patience de Dieu, aux jours où Noé construisait l’Arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. »
  • 1 P 4, 6 : « C’est pour cela, en effet, que même aux morts a été annoncée la Bonne Nouvelle, afin que, jugés selon les hommes dans la chair, ils puissent vivre selon Dieu dans l’esprit. »



Pierre parle d’une prison pour ceux qui ont désobéi, et qui cependant sont sauvés lorsque Jésus vient leur prêcher. Ce n’est pas l’enfer, parce que personne n’est sauvé en enfer. Ce n’est pas le « limbe des pères (appelé aussi le « sein d’Abraham » où les âmes des justes de l’Ancien Testament ont attendu jusqu’à ce que Jésus vienne ouvrir les portes du paradis) parce que c’est un endroit pour ceux qui ont désobéi. On ne peut imaginer Pierre évoquer qu’en un tel lieu des justes tels que David ou Jean Baptiste.

Pierre décrit un état temporaire pour des esprits désobéissants qui seront finalement sauvés. Il y a donc entre le ciel et l’enfer, un troisième endroit, le purgatoire.



La plus claire affirmation de l’existence du purgatoire vient du Second livre des Maccabées, qui a toujours fait partie du canon de l’Ancien Testament de l’Eglise mais qui n’es pas accepté par les protestants :

  • 2 M 12, 43-45 : « puis le valeureux Judas exhorta la troupe à se garder pure de tout péché, ayant sous les yeux ce qui était arrivé à cause de la faute de ceux qui étaient tombés. Puis, ayant fait une collecte d’environ 2.000 drachmes, il l’envoya à Jérusalem afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement d’après le concept de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que les soldats tombés dussent ressusciter, il était superflu et sot de prier pour les morts, et s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée sainte et pieuse. Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché. »


Ce passage montre deux points importants :

  1. Il prouve que la distinction entre péché véniel et péché mortel. Bien que ces hommes aient péché en portant des amulettes de dieux étrangers, ils «s’endormirent dans la piété». Ils ont péché; certes, mais sont mort cependant dans la piété. Donc leur péché ne menait pas à la mort (éternelle), était donc un péché véniel. Et le péché véniel, non mortel, est pardonnable après la mort.
  2. Il prouve aussi l’existence d’un état intermédiaire où les péchés véniels peuvent être pardonnés. Nous savons qu’il est impossible d’aider les âmes qui sont au paradis (elles n’ont pas de besoin), et il est de même impossible d’aiser les âmes en enfer (elles n’ont pas d’espérance). Prier pour les morts présuppose un stade intermédiaire pour les âmes où les péchés véniels peuvent être pardonnés et où l’expiation peut avoir lieu.


Même si quelqu’un rejette le canon de la Bible établi officiellement par l’Eglise catholique en 405, il n’y a aucun doute que 2 Maccabées décrit de façon correcte la pratique religieuse des juifs au deuxième siècle avant Jésus Christ. A cette époque les juifs priaient pour leurs morts (et ils le font encore aujourd’hui).

Certaines des plus anciennes liturgies chrétiennes incluent des prières pour les morts. Les tombes chrétiennes du deuxième et du troisième siècle sont ornées fréquemment de prière pour les morts. Cette pratique n’a de sens que si les premiers chrétiens croyaient au purgatoire, même si le mot n’était pas utilisé alors.


II. Pourquoi le purgatoire ?


L’existence d’un stade de purification après la mort, pour les âmes des justes n’étant pas totalement purifiés, est clairement établi par les Ecritures (vu ci-dessus).

Pour comprendre à présent la nécessité du Purgatoire, il faut d’abord considérer ce qu’est le péché et quelles sont ses conséquences.


Le pêché

Le péché est le plus grand drame de la vie, puisqu’il est séparation de la source de toute vie, bonté et joie, Dieu lui-même. Pêcher, c’est dire « non » à Dieu, à Sa volonté, à Sa loi et à Son amour. C’est rompre l’alliance d’amour qui nous unit à Dieu. C’est de fait comparable à l’infidélité conjugale, comme le montre les Ecritures à de nombreux endroits (par ex. Os 2, 4-15).

Il y a deux types de péchés : le péché actuel et le péché originel. Le péché actuel est quelque chose que nous faisons, le péché originel est quelque chose que nous avons (tel une maladie). Le péché actuel c’est donc tous les péchés que nous commettons, en particulier les actes, les choix que nous faisons et qui sont en opposition avec la volonté de Dieu telle qu’elle est révélée dans la loi de Dieu, la loi morale écrite à la fois dans les Dix commandements et dans nos consciences.

Le péché étant réel, le pardon doit l’être tout autant. Or « sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission des péchés » (Hb 9, 22). Or « qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2, 7). C’est pour cela que le Verbe de Dieu s’est fait homme (cf Jn 1, 14) et est mort sur une croix « pour abolir le péché par son sacrifice » (Hb 9, 26). Donc le pardon des péchés nécessite la croix, ce qui donne la mesure de la gravité du péché, quel qu’il soit.


Pêché véniel et pêché mortel


Si tout péché est un mal et une offense faite à Dieu, il y a cependant deux niveaux de gravité dans le péché, selon Jésus. En Lc 12, 47-48, il enseigne : « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups. Quand à celui qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre ». Quelle est cette distinction ? St Jean parle (en 1 Jn 5, 16) d’un « péché qui ne mène pas à la mort » - ce qu’on appelle un péché « véniel » - et d’un « péché qui mène à la mort » - un péché « mortel ».

Le péché véniel endommage la relation que nous avons avec Dieu, le péché mortel la détruit. Le péché véniel est comme une dispute entre deux époux, le péché mortel est comme un divorce. Ainsi mourir dans un état de péché mortel, c’est perdre le paradis pour toujours, puisqu’il n’y a pas de repentance et de conversion après la mort. La mort de Jésus sur la croix est la satisfaction parfaite de l’offense faite à Dieu par le péché mortel. De plus tous ceux qui reçoivent ses mérites et sa satisfaction sont réconciliés, le péché leur est remis ainsi que la peine éternelle due au péché mortel. Or, même lorsque le péché mortel est remis, il reste souvent une peine temporelle à subir en cette vie ou, si cette peine n’est pas satisfaite à la mort, au purgatoire.



La peine temporelle dans la Bible

Or si nous regardons dans les Écritures, il apparaît qu’après la confession des péchés et le pardon reçu de Dieu, il demeure la nécessité de la réparation, qui est aussi appelée satisfaction. La sainteté et la justice de Dieu exige cette réparation en raison de l’offense commise et aussi pour la transformation du pécheur. Un des passages célèbre de l’Ecriture illustre cela. Après le péché d’adultère commis par le Roi David avec Bethsabée, la femme d’Urie, le prophète Nathan vient et confronte David. « David dit à Nathan : ‘J’ai péché contre le Seigneur’. Alors Nathan dit à David : ‘De son côté, le Seigneur pardonne ta faute, tu ne mourras pas. Seulement, parce que tu as outragé le Seigneur en cette affaire, l’enfant qui t’est né mourra’ » (2 S 12, 13-14).

D’autres exemples bibliques inclus l’exclusion du Paradis d’Adam et Eve (Gn 3, 23-24), les 40 ans d’errance dans le désert des Hébreux désobéissants (livre de l’Exode), l’interdiction faite à Moïse d’entrer dans la Terre Promise (Dt 32, 51-52) et la maladie et la mort comme conséquence d’une communion indigne (1 Co 1, 31).

Jésus donne à ses disciples (et par extension aux prêtres) le pouvoir non seulement de « délier » les péchés (pardonner au nom de Dieu) mais aussi de « lier » (imposer des pénitences) : Mt 16, 19 ; 18, 18 ; Jn 20, 23.

La Bible donne d’autres passages qui évoquent ce principe de pénitence : Ex 32, 30-32 ; Nb 14, 19-23 ; 16, 43-48 ; 25, 6-13 ; Rm 8, 13.17 ; 1 Co 11, 27-32 ; 12, 24-26 ; 2 Co 4, 10 ; Phil 3, 10 ; Col 1, 24 ; 2 Tim 4, 6 ; Heb 12, 6-8 ; 1 P 4, 1.13.


III. Résumé

  1. Seuls les âmes imparfaites et en état de grâce entrent au Purgatoire. Ce n’est pas une “seconde chance pour ceux qui meurent en état de péché mortel sans repentir.
  2. Le Purgatoire existe pour la purification et la réparation. Les effets des péchés sont purgés. Les punitions dues au péché sont payées.
  3. Le Purgatoire est temporaire. Lorsque les saints imparfaits sont purifiés, ils entrent au ciel. Tous ceux qui sont au Purgatoire sont sauvés et vont entrer au ciel. Le Purgatoire cessera au retour du Christ. Seuls le ciel et l’enfer sont éternels.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Une seule petite remarque. Penses-tu qu'il y a des êtres humains en enfer en ce moment ?
    Il n'y en a pas ! Matthieu 25 v 41 et Apocalypse 20 v 10 à 15. Il faut remarquer aussi que le feu éternel est préparé pour le diable et ses anges, il n'était pas préparé pour l'être humain !
    Que Dieu te bénisse
    Bien fraternellement
    http://saintsaire.over-blog.com/

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  2. Il y en a forcément, autrement à quoi servirait l'enfer ?

    41 Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche: " Allez-vous-en loin de moi, les maudits, au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. (Matthieu (CP) 25)

    Le feu éternel, c'est l'enfer. Or ceux qui sont des disciples du diable, sont ses anges dans une certaine mesure.

    Et Ap 20, 15 : 15 Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l'étang de feu. (Apocalypse (CP) 20)

    Conclusion, ceux qui ne sont pas dans le livre de la vie seront en enfer.

    Donc oui il y a des gens en enfer.


    Que Dieu te bénisse.

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