mercredi 4 février 2009

Intercession des saints

Musulmans et évangéliques nous demandent souvent pourquoi est ce que l’Eglise dit de prier les saints ? Quels en sont les fondements scripturaires ? Je me propose d’apporter une réponse :


- Certains évangéliques prétendent que c'est nécromancie de vénérer les saints, et ils s'appuient en particulier sur ce passage pour appuyer leur propos : "On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts ; car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu" (Deutéronome, XVIII, 10-12) - Or, par la foi, les saints, quoique morts, sont vivants dans le Christ : "Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra" (Jean, XI, 26) et : "Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants" (Marc, XII, 27).

- Les saints sont donc dans le ciel, dans la gloire du Seigneur ; nous sommes enveloppés d'une nuée de témoins (Hébreux, XII, 1 ; Apocalypse, XIX, 1-10) - "Et il dit à Jésus: "Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez parvenu dans votre royaume." Jésus lui répondit : "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis". (Luc, XXIII, 42-43) - "C'est pour cela qu'ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son sanctuaire" (Ap., VII, 15) - "Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans" (Ap., XX, 4) - "Et elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle et ceux qui habitent dans le ciel" (Ap. XIII, 6)

- Or nous sommes tous membres du Christ : "ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous ne faisons qu'un seul corps dans le Christ" (Rom., XII, 5). Nous pensons donc qu'il existe une communion spirituelle étroite entre tous les membres du Corps mystique de Jésus-Christ, entre ceux qui cheminent sur la terre, et ceux qui participent déjà de la gloire du Seigneur (LG 50).

- Plusieurs passages des Ecritures peuvent être produits pour démontrer qu'il y a communication entre les saints du ciel et le Seigneur :

- Tobie, XII, 12 : l'ange Raphaël dit : "je présentais ta prière au Seigneur". Il ne s'agit certes pas ici d'un saint, mais d'un ange : il faut cependant convenir qu'en l'occurrence il intercède, ce qui prouve qu'il y a possibilité d'intercession - Et comme je sais bien que le canon protestant ne reconnait pas le livre de Tobie, voici confirmation dans Job, XXXIII, 23 : "Mais s'il trouve pour intercesseur un ange entre mille (...)".

- Les saints prient dans le ciel; ils y sont actifs : " (...) tenant chacun une harpe et des coupes d'or pleines de parfum, qui sont les prières des saints" (Ap., V, 8).

- Jérémie, XV, 1 : "Yahweh me répondit : Quand Moïse et Samuel se tiendraient devant moi, mon âme ne se tournerait pas vers ce peuple ; chasse-les de devant ma face et qu'ils partent!" - Pourquoi évoquer ici une possible tentative d'intercession de Moïse et Samuel, si toute intercession est impossible ?

- Le célèbre récit de la Transfiguration (Matt., XVII ; Marc, IX) montre ici deux saints éminents, Moïse et Elie, dans une conversation active avec le Seigneur, déjà dans sa gloire.

- Enfin dans II Machabées, XV, 11-16 (livre non retenu par le canon protestant) : "Il leur raconta en outre un songe digne de foi, une vision réelle, qui les réjouit tous. Voici ce qu'il avait vu : Le grand-prêtre Onias, cet homme de bien, d'un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l'enfance à toutes les pratiques de la vertu, il l'avait vu, les mains étendues, priant pour toute la nation des Juifs. Ensuite lui était apparu, de la même manière, un homme distingué par son grand âge et son aire de dignité, d'un aspect admirable, et entouré de la plus imposante majesté. Onias, prenant la parole, lui avait dit: "Celui-ci est l'ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte, Jérémie, le prophète de Dieu".

5°- La prière d'intercession est efficace : "Job, mon serviteur, priera pour vous, et c'est par égard pour lui que je ne vous jugerez point selon votre folie" (Job, XLII, 8, 10) - De même pour l'intercession d'Abraham : "Abraham intercéda auprès de Dieu, et Dieu guérit Abimélech (...)" (voir aussi XVIII, 22-33 pour le cas de Sodome) - Saint Paul demande souvent quant à lui à ses disciples de prier pour lui (Eph. VI, 18-20 ; Philémon 22 ; I Thess. V, 25).

Si l'on tente un résumé par propositions qui se suivent logiquement :

- Les saints, même morts, sont vivants dans le Christ ;
- Ils sont auprès du Seigneur et participent de sa gloire ;
- Nous sommes reliés à eux par le principe de l'unité du Corps mystique et de la communion des saints ;
- Les saints du ciel sont actifs et communiquent avec le Seigneur ;
- La prière d'intercession est efficace.

Voudrait-on alléguer encore que c'est l'affaiblissement ou le défaut de Foi qui nous fait recourir au patronage et à l'intercession des saints ? L'exemple du centurion nous prouve tout le contraire : "Je vous le dis en vérité, en Israël même je n'ai pas trouvé une si grande foi" (Luc, VII, 9). Et pourtant le centurion ne s'était point cru assez digne pour paraître devant Jésus, et préféra envoyer au-devant de lui quelques anciens d'entre les Juifs.

"Vers lequel des saints te tourneras-tu ?" (Job, V, 1)

Dans Dt XVI, 10-12, on peut trouver un passage scripturaire propre à interdire toute invocation des saints du Ciel. Ces versets semblent en effet troublants, comme d’ailleurs beaucoup d’autres passages de l’Ancien Testament qui semblent à première vue mal s’accorder avec certaines parties du Nouveau Testament ou certaines pratiques de l’Eglise du Christ. Je crois cependant qu’il est possible de dissiper ce trouble.

Vous savez bien que Jésus-Christ a scellé dans Son sang une Alliance nouvelle et éternelle entre l’humanité et Dieu son Père. La Loi, enseigne saint Paul, était une malédiction (Ga III, 13) ; le Christ Jésus est venu pour nous en délivrer, pour nous conférer l’adoption des enfants de Dieu et nous faire vivre de la grâce, qui a surabondé là où le péché avait abondé. Jésus n’est certes pas venu abolir la Loi, mais la parfaire, l’accomplir (Mt V, 17). Ce passage du livre du Deutéronome qui vous empêche de souscrire à toute forme de communion entre les saints glorifiés au Ciel et ceux encore en pèlerinage dans cette vallée de larmes, ce passage, donc, je crois qu’il est l’un de ceux que la Rédemption a dépassé et a rendu caduc en pratique, de même que sont désormais vains les anciens interdits alimentaires de la Loi mosaïque.

Je m’explique.

Nous confessons dans le Symbole des Apôtres que Jésus-Christ, entre sa mort et sa résurrection, est descendu aux enfers, proclamant la bonne nouvelle aux esprits qui y étaient détenus (1 P III, 18-19). Le Christ a souffert sa Passion pour tous les hommes, y compris pour les justes qui l’ont précédés, et qui attendaient sa venue pour être libérés et jouir enfin de la vision béatifique. La Transfiguration en fut comme le prélude, où les âmes bien vivantes de Moïse et d’Elie apparaissent pour converser avec le Verbe incarné en gloire ; elles étaient pourtant prisonnières du « sein d’Abraham » (Lc XVI, 22-26), incapables de voir Dieu et d’avoir la moindre communication avec Dieu ; mais par la grâce de la Transfiguration, elles ont été comme aspirées dans la gloire divine du Christ transfiguré.

Les justes, prisonniers dans le Schéol avant la venue de Jésus-Christ, n’y pouvaient point louer et glorifier le Dieu Un et Trine, privés qu’ils étaient de Sa présence. Privés de Sa vision (Ps VI, 6 ; LXXXVIII, 11-13), ils ne pouvaient pas entendre les demandes d’intercession que les hommes encore en pèlerinage sur notre terre pouvaient leur adresser. Car c’est dans la lumière de Dieu que nous pouvons voir la lumière (Ps XXXVI, 10), c’est dans l’essence divine à laquelle les élus participent d’une manière indéfinissable (2 P I, 4), qu’ils peuvent avoir une vision spirituelle des demandes des hommes à leur égard. Ainsi donc, puisque les justes, avant la venue de Jésus-Christ dans les enfers, étaient privés de la vision de Dieu, ils étaient donc incapables d’entendre les prières des hommes à eux adressées.

Voilà qui explique clairement la condamnation portée par Dt XVI, 10-12. Puisqu’avant la venue du Christ nous ne pouvions pas avoir la moindre communication avec les justes du Ciel, ceux qui s’adressaient aux morts ne pouvaient entrer en contact qu’avec les démons. Mais puisque le Christ Jésus est venu délivrer les élus dans les enfers, il est maintenant possible d’être en communion avec eux, ainsi que le professe le Credo : Je crois à la communion des saints...

Par ailleurs, et comme je vous l’ai dit, les catholiques ne remplacent nullement le Christ par les saints. Jésus-Christ est le médiateur unique et parfait entre Dieu le Père et nous les hommes ; les saints participent de la médiation unique et parfaite du Christ, puisque Dieu les rend participants de la nature divine (2 P I, 4) dans la gloire du Ciel. Il s’ensuit très logiquement que, dans la perspective catholique, la médiation participée de Marie et des autres saints n’est nullement une sorte de rempart qui nous sépare de Jésus-Christ. Bien au contraire, nous les considérons plutôt comme des transparences où éclate la Gloire du Christ Sauveur. Par l’exemple de leurs vertus, ils sont des modèles qui s’imposent à notre piété ; par la puissance de leurs prières aux pieds du Trône divin, ils glorifient sans cesse le Dieu Un et Trine.



Ce n’est point rabaisser Jésus-Christ que de s’adresser à Ses élus, c’est bien au contraire glorifier Son œuvre en eux.

1 commentaire:

  1. c'est si évident nous pouvons que prier pour nos freres héretiques évangelistes

    RépondreSupprimer